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une ascension gigantesque

Les trois amis, surpris, passablement intrigués, obéirent sans répondre.

« Nos observatoires, dit alors Rugel, ne vous offriront, au point de vue des instruments, aucune des surprises auxquelles vous vous attendez sans doute. D’après les dessins que vous nous avez montrés et les explications que vous nous avez fournies, nous avons pu juger que toute la théorie qui préside à la construction de vos instruments astronomiques repose sur les lois de la réflexion et de la réfraction des rayons lumineux. Ces lois sont générales ; seules les applications peuvent varier suivant la différence des milieux. Notre œil est conformé comme le vôtre ; le phénomène de la vision se passe pour nous comme pour vous ; tous les appareils d’optique qui ont pour objet d’étendre à l’infiniment grand et à l’infiniment petit le champ des observations ne sont que des yeux agrandis ou perfectionnés. S’il existe — et rien ne nous prouve qu’il n’en existe pas — d’autres moyens de sonder les profondeurs de l’espace ou de scruter dans leurs plus infimes manifestations les secrets de la vie, ces moyens ne doivent être accessibles qu’à des êtres conformés autrement que nous le sommes.

« Déjà, avant que notre humanité ne fût réduite à se réfugier à l’intérieur de notre monde, d’importantes recherches avaient été faites et de sérieux résultats obtenus. Je vous montrerai bientôt toute la série des travaux préliminaires par lesquels nous avons passé. »

Depuis quelques instants Marcel paraissait préoccupé : de légers frémissements semblaient agiter d’une façon presque insensible le siège sur lequel il était assis et jusqu’au sol sur lequel se posaient ses pieds, en même temps que se faisait entendre un bruissement presque insaisissable.

On eût dit qu’il cherchait la cause de ce mouvement et de ce bruit.

Rugel, qui l’observait, reprit plus vivement, comme pour l’arracher à ses réflexions :

« Vous verrez que nous avons, comme vous, usé longtemps de lunettes et de télescopes ; mais vous savez que les instruments réflecteurs sont toujours d’un maniement difficile et ne supportent