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un monde inconnu

et les plus variées, réduisant en quelque sorte à néant le travail individuel de l’homme.

Toutefois ce qu’il avait devant les yeux était si démesuré et semblait dépasser de si haut toutes les prévisions, qu’il ne pouvait en croire ses yeux.

Le savant Mérovar paraissait jouir de sa surprise.

« Nous avons, lui dit-il, été heureusement servis par les circonstances. Lorsque notre humanité, contrainte de quitter la surface de notre globe, s’est retirée dans les régions souterraines qu’elle occupe aujourd’hui et que l’Esprit Souverain semblait lui avoir ménagées comme un dernier refuge, nos savants ne se sont pas résignés à rester à jamais séparés du monde extérieur, de cet espace infini où les astres poursuivent leur course immuable. Partout ils ont dirigé leurs investigations ; nul point accessible n’est resté inexploré. C’est ainsi que nous avons conslaté l’existence de nombreuses cheminées de volcans éteints ; mais presque toutes étaient de forme irréguliére, de direction oblique ; leur parcours sinueux se prêtait mal à l’établissement d’appareils nous permettant de communiquer avec l’extérieur. Nous avons fini par trouver celle que vous venez de parcourir.

« Sa direction verticale, son diamètre étroit, la rendaient merveilleusement propre à l’usage auquel nous la destinions. Malheureusement elle était, comme du reste tous les cratéres de la Lune, vous ne l’ignorez pas, obstruée à quelque distance de la surface par une épaisse couche de laves et de déjections volcaniques accumulées. Il nous a fallu nous frayer un passage à travers ces matériaux d’une extrême dureté, et nous avons pour cela recouru à nos explosifs, qui ont une force d’expansion considérable. Pour régulariser dans la mesure du possible les aspérités qui, en maints endroits, hérissaient les parois, nous ayons employé des béliers puissants.

— Je suis frappé, interrompit Marcel, des résultats magnifiques obtenus par votre industrie ; mais je me demande comment vous êtes arrivés à créer dans cette cheminée d’une prodigieuse hauteur, et surtout dans l’observatoire construit à la surface même de la Lune, une atmosphère respirable. Je sais par ma propre expérience qu’il ne faut pas s’élever beaucoup au-dessus du niveau de la