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un monde inconnu

Autour de bon nombre des étoiles les plus rapprochées, ils avaient pu, grâce aux puissants moyens d’investigation dont ils disposaient, observer de nombreux satellites ou plutôt de véritables planètes effectuant, comme celles de notre système solaire, leurs révolutions autour de l’astre central.

Et lorsque Marcel, s’abandonnant à son goût pour l’astronomie, fouillait de ces gigantesques lunettes la voûte céleste toute resplendissante d’étoiles, quand son regard émerveillé contemplait ces myriades de soleils, les uns blancs comme le nôtre, les autres d’un rouge sanglant, d’un vert d’émeraude, d’un bleu profond ou d’un jaune d’or, qui jonchent l’immensité, il se demandait avec stupeur quelle inconceyable puissance maintient ces mondes suspendus dans les espaces infinis, et règle avec une immuable harmonie leurs révolutions diverses.

Et son imagination, s’exaltant devant cet éblouissant spectacle, s’élancait au delà de ces planétes qu’il avait vues tourner autour des soleils les plus voisins ; il se disait qu’autour de tous les autres, de ceux que distinguent nettement les instruments astronomiques, de ceux qu’ils n’entreyoient que d’une façon vague dans des amas confus, de ceux plus loinlains encore que révèle l’impression de leur lumiére affaiblie sur une plaque sensible, de ceux enfin que l’esprit seul devine se succédant sans fin dans les incommensurables espaces, d’autres mondes gravitent.

Et là encore, toujours et partout, il sentait que vivaient des humanités, combien diverses, combien différentes de la nôtre et de celle de la Lune !… Son imagination s’épuisait sans trêve à essayer de les figurer.

La vie sous ses formes multiples, depuis les types les plus rudimentaires et les plus grossiers jusqu’aux conceptions supérieures se rapprochant de plus en plus de la perfection, circulait dans l’univers sans bornes, célébrant la gloire et la grandeur de la force unique et souveraine d’où tout émane.

Et son âme se perdait dans un ineffable ravissement.