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un monde inconnu

culables et décisives conséquences. Jusqu’à présent on avait agi au hasard ; c’était sans aucune certitude d’être compris ou même aperçu qu’on avait tenté d’attirer l’attention des habitants de la Terre. Maintenant on était sûr d’être attendu ; le télescope de Long’s Peak pouvait distinguer à la surface de la Lune des objets ayant neuf pieds de hauteur ; les lettres lumineuses en auraient trois cents ; nul doute que le message ne parvînt à son adresse.

Évidemment, il faudrait attendre quelque temps encore avant d’avoir la réponse des amis avec lesquels on allait se mettre en rapport. Mais le doute n’était plus possible ; le succès était assuré, et, après tant de siècles d’attente, on pouvait bien se résigner à quelques jours de patience pour en obtenir l’absolue confirmation.

Marcel voulait que la première lettre figurée fût l’R initiale du nom de lord Rodilan.

« C’est vous, mon cher ami, lui disait-il, qui nous avez fourni les moyens d’arriver jusqu’ici. À vous doit revenir l’honneur d’inaugurer la série des communications interplanétaires.

— Ah ! mais non, fit lord Rodilan ; c’est vous qui avez été l’âme de cette entreprise, c’est à yous qu’appartient cet honneur.

— Eh bien ! pour nous mettre d’accord, ce sera notre ami Jacques qui débutera : il y a là-bas quelqu’un qui souffre de son absence et qui a hâte d’être rassuré.

— Je m’y oppose formellement, interrompit Jacques avec force. Sans toi, nous n’aurions rien tenté ; sans toi, je serais encore plongé dans le désespoir. Si l’avenir me garde quelque bonheur, c’est à toi que je le devrai.

— Eh bien ! soit, puisque vous le voulez, » fit Marcel avec gaieté.

Et, saisissant une poignée de cristal fixée à un socle métallique, lui servant de support et auquel aboutissaient tous les fils venant du dehors, il l’abaissa d’un geste brusque.

Tout s’éclaira soudain : deux mille foyers lumineux d’une incomparable puissance venaient de s’allumer à la fois. Des flots de rayons d’une lumiére aveuglante traversaient l’espace, emportant avec eux les veux et les espérances des exilés. Une M de feu, aux proportions colossales, se détachait dans la nuit, et, aux lueurs