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à la surface de la lune

qu’elle répandait autour d’elle, on eût dit que le jour avait remplacé les ténèbres, tant apparaissaient vifs et nets les cratères, les chaînes et les pics lointains qui bornaient l’horizon.

Pendant une heure, les deux mille foyers rayonnèrent dans l’espace, et le cœur des trois amis tressaillait à la pensée qu’au même instant ceux qui les aimaient étaient, après de longues angoisses, rassurés sur leur compte. Puis tout s’éteignit, et la nuit qui enveloppa de nouveau toute la contrée, parut plus sombre encore après cette éblouissante illumination.

On laissa s’écouler une heure avant de faire un nouveau signe, et bientôt resplendit à son tour un J aussi colossal que l’M tracée tout d’abord. Il brilla pendant une heure ; un intervalle s’écoula encore et ce fut le tour de la lettre R. Les trois voyageurs avaient ainsi signalé leur présence.

Et pendant le reste du temps où cette partie du disque lunaire resta dans l’ombre, les signaux furent assidûment répétés en donnant rigoureusement à chacun d’eux la même durée. Cette régularité devait être pour les observateurs terrestres la preuve certaine que, dans ces phénomènes, rien n’était dû au hasard, et devait dissiper tous les doutes.

Les astronomes de la Lune qui ne cessaient d’observer l’astre avec lequel ils cherchaient ainsi à se mettre en relations, et qui en suiyaient les phases, avaient soin d’interrompre les signaux pendant tout le temps que la région des Montagnes Rocheuses était éclairée par les lueurs du jour. Ils s’étaient du reste appliqués à calculer exactement l’époque où la Lune devait, dans sa période d’ombre, se montrer aux observateurs de Long’s Peak au-dessus de l’horizon.

Le premier message interplanétaire avait été lancé de la Lune à la Terre : c’était maintenant à la Terre de répondre.