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l’annonce du « new-york herald »

l’École polytechnique, tandis que Jacques suivait les cours de l’École de médecine, ils ne s’étaient jamais perdus de vue, et les liens qui les unissaient et qui étaient formés d’un peu de protection de la part de Marcel et d’une grande confiance du côté de Jacques, n’avaient fait que se resserrer. Ensuite la vie les avait séparés, Jacques était resté à Paris poursuivant à travers les contours de l’externat, puis de l’internat, ses laborieux travaux ; Marcel était allé chercher dans un autre continent un champ plus vaste où exercer son exubérante activité.

Il était orphelin, et sa fortune personnelle lui permettait de voyager et d’attendre sans trop d’impatience le succès de quelqu’une des grandes entreprises que caressait toujours son ardente imagination.

En se quittant on s’était promis de s’écrire, et on s’était en effet écrit quelque temps. Mais bientôt les lettres étaient devenues plus rares, puis avaient cessé tout à fait. Cependant les deux amis pensaient souvent l’un à l’autre ; la Séparation n’avait en rien affaibli leur affection, et, lorsque le hasard les avait mis en présence, c’était avec une véritable joie qu’ils étaient tombés dans les bras l’un de l’autre. Comme ils avaient de longues confidences à échanger, ils étaient entrés dans le premier endroit qui s’était présenté à eux, et avaient causé en savourant le déjeuner délicat qu’ils étaient en train d’achever.