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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/293

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retour à l’observatoire

mesquin, grossier et petit, n’a rien qui puisse me tenter beaucoup. Bien d’autres motifs encore pourraient me rattacher au monde lunaire ; mais je ne dois pas songer à moi seul. Je sais que trop de raisons vous rappellent tous les deux, et, lorsque le moment en sera venu, je partirai avec vous. »

Jacques lui serra la main

« Mais, poursuivit Marcel, je crois bien qu’il se passera encore du temps avant que nous puissions songer sérieusement aux préparatifs de notre retour. Il nous faut avant tout assurer les communications avec la Terre. C’est là notre tâche, nous nous y devons tout entiers. Or, à mon avis, cela sera long. Jugez-en vous-mêmes : depuis qu’ils nous ont fait le signal que nous n’avons fait qu’entrevoir sans pouvoir y répondre, nos amis sont sans nouvelles de nous. Ils ne peuvent évidemment rien tenter sans être assurés que nous vivons encore. Sans doute ils vont avoir dans quelques instants la certitude que nous n’avons pas péri et que nous les avons aperçus. Comme moi, vous les connaissez ; nous ne pouvons douter qu’ils ne se mettent immédiatement en mesure de faire tout le nécessaire pour que les communications deviennent régulières, suivies et utiles. Ils vont chercher le système le plus prompt à la fois et le plus pratique. Ce système, quel sera-t-il ? Nous l’ignorons encore.

— En effet, dit Jacques, et j’ajouterai qu’il est fort peu probable qu’ils choisissent, pour nous envoyer des signaux suivis, la région des Montagnes Rocheuses. Ce n’est pas dans cette contrée tourmentée ni à une telle altitude qu’ils pourraient être facilement établis et fonctionner régulièrement.

— C’est juste, poursuivit Marcel ; il nous est impossible de deviner de quelle région du globe terrestre nous arriveront les prochains appels. Quelle plaine choisiront-ils à cet effet ? L’avenir seul pourra nous renseigner sur ce point. Quoi qu’il en soit, nous ne saurions rien tenter d’autre que ce que nous avons fait déjà avant d’être complètement fixés sur toutes ces questions. »

Pendant que Marcel parlait, la nuit avait peu à peu enveloppé l’Atlantique et déjà elle atteignait Long’s Peak. Les trois observateurs avaient repris leurs places aux oculaires des lunettes. Leur émotion était grande et le silence le plus profond régnait dans la salle.