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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/313

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la terre a parlé

plus heureux aujourd’hui. Pour ma part, je commence à croire que nos amis manquent d’imagination. Je les voudrais un peu plus prolixes. »

Pendant ce temps, Jacques s’était approché de l’oculaire que Marcel venait de quitter.

« Tiens ! tiens ! » fit-il tout à coup.

Et il se frotta vigoureusement les yeux comme pour mieux voir.

« Qu’y a-t-il ? demanda vivement Marcel.

— Voyez donc là-bas, au-dessus de l’équateur. Qu’est-ce que cela ? »

Marcel s’était précipité, et lord Rodilan lui-même avait pris son poste d’observation.

Un foyer lumineux, d’une intensilé bien supérieure au fanal des Montagnes Rocheuses, brillait dans la nuit. Sa clarté toujours soutenue, sa fixité, écartaient tout doute possible : ce n’était pas là un phénoméne géologique comme l’éruption d’un volcan, ou accidentel comme un vaste incendie, c’était évidemment l’œuvre d’une intelligence humaine. Ce qui venait confirmer cette opinion, c’est que le foyer d’où s’échappait ce puissant rayon, avait une forme régulière et géometrique : il formait un rectangle aux arêtes vives et nettement dessinées.

« Ce sont eux, n’est-ce pas ? s’écria Jacques.

— Je le crois, répondit Marcel.

— Ah ! ma foi, fit lord Rodilan en riant, si c’est pour cela qu’ils nous ont fait attendre si longtemps, ce n’est vraiment pas la peine. Un point carré au lieu d’un point rond ; vous voyez qu’ils n’en sortiront pas.

— Qui vivra verra, dit Marcel ; nous allons savoir bientôt à quoi nous en tenir. »

Et le mystérieux rectangle brillait toujours.

« Mais où donc sont-ils ? demanda Jacques.

— C’est facile à déterminer, répondit Marcel. Vous voyez que la pointe orientale du Brésil n’est pas encore entrée dans l’ombre qui règne sur la majeure partie de l’Atlantique et sur tout l’ancien continent. Nous pouvons calculer au moyen du micromètre — et en même temps il manœuvrait cet appareil délicat dont chaque