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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/312

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un monde inconnu

voir embrasser tout ce qu’il y aurait de part et d’autre d’intéressant à savoir.

Ils avaient déjà, grâce aux livres, aux albums et aux échantillons divers dont ils s’étaient munis, donné aux habitants de la Lune une idée assez précise de l’histoire et de la civilisation de leurs frères terrestres. Ils voulaient de même, lorsqu’ils seraient de retour sur la Terre, pouvoir faire connaître, telle qu’elle était dans ses traits principaux, cette humanité jusqu’alors inconnue et où ils avaient découvert tant de brillantes qualités et de vertus aimables qui avaient à la fois charmé leur cœur et ébloui leur esprit. Marcel et ses compagnons mettaient à accomplir tous ces travaux une activilé fébrile ; ils accumulaient les documents, multipliaient les investigations et les recherches, comme s’ils avaient sent déjà que le temps leur était mesuré, et que le moment arriverait bientôt où, leur tâche terminée, il leur faudrait se préparer au retour.

Ce travail ininterrompu rendait l’attente moins pénible.

Chaque fois que la position respective des deux astres permettait d’échanger des signaux, ils montaient à l’observatoire, et, tout en coordonnant leurs notes, classant leurs documents, ils ne cessaient d’observer le disque de la Terre, attentifs à saisir toute manifestation nouvelle. Puis, lorsque la période de concordance des nuits s’était achevée sans rien apporter autre chose que le point lumineux qui brillait toujours au sommet de Long’s Peak, ils retournaient à leurs études en se disant, non sans un soupir : « Ce sera sans doute pour la prochaine fois. »

Le 20 avril, la Lune était à la veille de son premier quartier. Fidèles à leur habitude, les trois amis venaient d’arriver à l’observatoire. Ils s’étaient, comme de coutume, approchés en toute hâte des lunettes braquées sur la Terre, et avaient parcouru d’un regard rapide toute la partie plongée dans l’ombre.

« Rien encore, murmura Marcel ; décidément, c’est long. »

Lord Rodilan haussa les épaules :

« Vous avez la foi robuste, mon cher Marcel ; c’est bien par acquit de conscience et pour vous être agréable que je vous ai accompagné jusqu’ici ; car du diable si j’espère que nous serons