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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/338

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un monde inconnu

parmi nous, n’autorise cette entreprise et ne donne toutes les facilités pour la réaliser. Toutefois, notre tâche serait grandement abrégée si nous pouvions rencontrer, dans la région où nous nous trouvons, quelque cratère de dimensions restreintes creusé dans la direction que nous souhaitons et pouvant être aménagé de facon à servir de réceptacle à notre canon. L’expérience nous a démontré en effet que les matières qui obstruent les cheminées des cratères, ne forment qu’une couche d’épaisseur variable, mais jamais très considérable, et que, lorsqu’on l’a traversée, on rencontre au-dessous le vide. Nous aurions ainsi un puits tout creusé dont il suffirait de régulariser les parois. »

À ce moment, un des Diémides qui se tenaient derrière Rugel s’avança :

« Maître, lui dit-il, je crois connaître non loin d’ici un cratère réunissant toutes les conditions que vous désirez ; j’étais parmi ceux qui ont été employés à l’envoi du dernier message adressé à la Terre, et j’ai eu l’oceasion d’explorer toute cette région. Si vous voulez me suivre, je vais vous y conduire.

— Allons, » dit Rugel.

On se remit en marche et, en moins d’une heure, on arriva au pied d’une sorte de mamelon tronqué qui ne s’élevait qu’à une faible hauteur au-dessus du sol. On en gravit les pentes et on se trouva au bord de l’un des plus petits cratères de la surface de la Lune. Mérovar et Rugel examinèrent attentivement la disposition des lieux, mesurèrent le diamètre de l’orifice intérieur, et reconnurent que là se trouvaient réunies toutes les conditions désirables pour l’installation qu’ils projetaient.

« Eh ! bien, dit Rugel en concluant, voilà qui est décidé : c’est d’ici que vous partirez quand le moment sera venu de vous éloigner de nous. Et vous pourrez être assurés que, quoique je voie arriver avec chagrin l’instant de notre séparation, loin de rien faire pour la retarder, je donnerai tous mes soins pour que les travaux soient menés le plus rapidement possible. »

On regagna en toute hâte l’endroit où le train s’était arrêté ; chacun reprit sa place dans les wagons, et bientôt on était rentré à l’observatoire.