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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/337

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à la recherche d’un cratère

« C’est là, dit Mérovar, qu’habitaient pendant tout le temps qu’ont duré les travaux, ceux qui y ont été employés. »

Les voyageurs poursuivirent leur marche et au bout d’une demi-heure ils avaient atteint le but de leur excursion.

L’orifice du canon s’ouvrait devant eux.

Un puits de 2m 54 de diamètre avait été creusé verticalement à même le roc sur une profondeur de 70 mètres. Ses parois étaient revêtues d’un alliage métallique, sorte de bronze très résistant, d’une épaisseur de 80 centimètres, ce qui laissait au canon une âme de 94 centimètres.

C’était là l’instrument à l’aide duquel les habitants de la Lune avaient, à de nombreuses reprises, envoyé à la Terre ces messages dont le dernier était, par un si heureux hasard, tombé entre les mains de Marcel.

Et Mérovar leur expliqua qu’on avait dû choisir pour l’installer un lieu assez distant de l’observatoire — en réalité 18 lieues en ligne droite — pour éviter que les vibrations imprimées au sol par les explosions ne compromissent la stabilité du monument et la précision des instruments d’observation qu’il renfermait.

« Il est bien fâcheux, dit alors lord Rodilan, que ce canon soit trop petit pour nous servir, car nous pourrions dès à présent fixer l’heure de notre départ.

— Vous êtes bien pressé de nous quitter, ami, » répondit Rugel. Et dans sa voix on sentait comme un reproche attristé.

L’Anglais comprit qu’il avait froissé inutilement cette âme généreuse et il ajouta :

« Non, mais puisqu’il faut nous séparer, je crois que le plus tôt sera le mieux, car, pour vous comme pour nous, l’attente est d’autant plus pénible qu’elle se prolonge davantage. Vous savez bien que nous vous aimons et que nous ne vous oublierons jamais.

— Je le sais, en effet ; mais nous sommes forcés d’attendre. Il nous faut établir un nouyeau canon capable, celui-là, de lancer un projectile semblable à celui qui vous a amenés ici. Ce sera là un travail long et difficile. Je ne doute pas que le chef de l’État, le prudent Aldéovaze, malgré son désir de vous conserver