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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/342

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un monde inconnu

mailles métalliques dont la souplesse égalait la légèreté et qui laissait aux membres toute l’aisance de leurs mouvements. Au-dessous du réservoir à air qu’ils portaient fixé sur le dos, était disposé un accumulateur électrique d’une grande puissance sous un petit volume. De là partaient des fils en communication avec le maillot métallique et qui y faisaient circuler un courant d’une intensité suffisante pour maintenir le corps et l’air, dont il était entouré, à une température toujours supportable.

Quant à la nécessité où se trouvaient les trois habitants de la Terre de réparer par la nourriture la déperdition de leurs forces, on y avait facilement pourvu. À l’intérieur de la sphère qui recouvrait leur tête était disposé un petit récipient métallique rempli de la mystérieuse liqueur qui, depuis longtemps déjà, constituait, au grand désespoir de lord Rodilan, leur principal aliment. De ce récipient partait un tube fixé à la sphère de manière à se trouver à portée de leurs lèvres. Un léger mouvement leur permettait de le saisir et d’aspirer les éléments chimiques qui suffisaient à les nourrir.

Comme l’observatoire était à 30 degrés, c’est-à-dire 910 kilomètres de la région toujours invisible à la Terre, Rugel avait jugé que cette distance pourrait être franchie pendant la période d’une nuit lunaire, soit quatorze jours terrestres, et qu’on atteindrait l’autre hémisphère au retour du jour. Il était, en effet, intéressant pour Marcel et ses compagnons de parcourir à la lumière du soleil cette partie de la surface du satellite qu’ils aspiraient à connaître. On partit donc de l’observatoire le 1er juin, au moment où l’ombre commençait à l’envelopper. La petite caravane comprenait, outre Marcel, Jacques, lord Rodilan et Rugel, soixante Diémides. La marche était ainsi réglée : en avant marchaient une dizaine d’éclaireurs portant de puissantes lampes électriques dont les rayons illuminaient l’espace autour d’eux et leur permettaient de distinguer à plusieurs kilomètres tous les détails du paysage qu’ils traversaient. Au centre s’avancaient les trois voyageurs et leur guide et la marche était fermée par le reste des Diémides qui portaient, avec divers instruments scientifiques et de précision, les appareils qui fabriquaient et emmagasinaient l’air nécessaire à la respiration. Les alternatives de marche et de repos ayaient été réglées à l’avance de façon à