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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/341

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la surface invisible

vérifier une importante question qui depuis longtemps me préoccupe, et que je serais heureux de pouvoir résoudre. À en croire de vieilles traditions, conservées dans nos antiques histoires, il existerait bien loin, du côté de l’est, une vaste dépression d’une profondeur considérable. Bien souvent nos savants se sont demandé s’il n’y resterait pas encore une certaine quantité de l’atmosphère qui entourait autrefois la planète, et qui aurait pu y conserver des restes de vie végétale. Voilà le point que j’ai souvent rêvé d’éclaircir : l’occasion m’en a toujours manqué. »

Ces paroles avaient jeté Marcel dans un grand enthousiasme.

« Ah ! s’écria-t-il, quelques astronomes de la Terre ont bien cru apercevoir déjà, dans le fond de certains cratères, de légères vapeurs et des variations de teintes qu’ils attribuaient à la présence d’un air très raréfié, mais capable encore d’entretenir des traces de végétation. On a refusé de les croire. Quelle gloire ce serait pour nous de rapporter la preuve évidente qu’ils ne se sont pas trompés ! »

L’enthousiasme de Marcel avait gagné Jacques, et lord Rodilan lui-même, malgré son peu de goût pour les problèmes purement scientifiques, paraissait plein d’ardeur.

Bien qu’elles fussent devenues de plus en plus rares à mesure que la vie se concentrait au sein de leur planète, les habitants de la Lune accomplissaient cependant quelquefois encore des explorations de cette nature, et l’emploi de tous les engins nécessaires à leur exécution leur était familier. Appareils légers et portatifs destinés à fabriquer chimiquement de l’air, accumulateurs puissants capables d’emmagasiner l’électricité à haute tension et de fournir un éclairage suffisant pendant les longues nuits lunaires, tout était préparé d’une façon permanente et à la disposition de ceux que l’amour de la science poussait à s’aventurer sur la surface inhabitée. La difficulté la plus grande contre laquelle devaient avoir à lutter les explorateurs qui entreprenaient des voyages de longue durée, était l’abaissement considérable que subissait la température pendant les périodes d’ombre. L’art ingénieux des savants y avait pourvu. Avant de revêtir leurs vêtements imperméables, les voyageurs se recouvraient tout le corps d’une sorte de maillot formé de