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un monde inconnu

celui des Montagnes Rocheuses, et qui maintenant se trouvait installé sur l’un des plus hauts sommets de l’Atlas.

Un fil télégraphique spécial tenait l’ingénieur Dumesnil en relation constante avec ce poste, et il pouvait dès lors transmettre sans retard à Marcel et à ses amis toutes les informations qu’il recevait de la Lune.

L’échange de signaux se continuait lentement sans doute, car on ne pouvait opérer que pendant bien peu de temps à chaque lunaison, mais d’une manière régulière et continue.

De précieux renseignements, d’intéressants détails étaient ainsi recueillis, et, chaque jour, les deux astres apprenaient à se mieux connaître.

Ceux qui, pendant deux ans, avaient vécu de la même vie ne s’étaient pas oubliés.

Ceux de la Terre tenaient leurs amis au courant de tout ce qu’ils faisaient pour réaliser les vœux d’Oréalis. Ceux de la Lune, à leur tour, leur avaient fait savoir que le prudent Aldéovaze était mort, que Rugel avait été appelé par le Conseil Suprême à le remplacer et qu’Oréalis avait épousé Azali.

Ni le temps ni la distance ne pouvaient affaiblir les liens d’amitié qui unissaient ces âmes d’élite. Les communications duraient depuis six ans ; on pouvait espérer qu’avec les progrès toujours croissants de la science, elles pourraient devenir plus fréquentes et plus rapides, lorsqu’un jour Marcel reçut de l’ingénieur Dumesnil un télégramme ainsi conçu :

« Grande flamme apparue dans le champ du télescope ; communications interrompues. »

Et, à partir de ce moment, l’œil des observateurs scruta en vain le disque du satellite : rien de vivant n’apparut sur sa surface, qui semblait retombée à la mort.

Que s’était-il passé ? Quelque formidable explosion des forces souterraines avait-elle anéanti cette humanité au milieu de laquelle avaient vécu les trois explorateurs ? La nature inexorable, dont elle semblait violer les lois, l’avait-elle, d’un seul coup, fait rentrer dans le néant ?… Nul ne l’a jamais su. Les années passérent, les généreuses institutions dues à l’initiative de Marcel et de ses amis