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un monde inconnu

plus large espace et leur chargement se trouvait à la fois plus complet et moins embarrassant que celui des premiers explorateurs.

L’obus lui-même qui devait servir de réceptacle à ces objets si nombreux et si divers et qu’allaient habiter les trois voyageurs pendant un temps indéterminé, devait recevoir quelques remaniements indispensables. Bien qu’il n’eût subi, comme on le sait déjà, aucune déformation extérieure, il était nécessaire d’en polir à nouveau la surface. Mais c’était peu de chose. Il fallait rétablir les cloisons brisantes qui avaient si bien, lors du premier départ, réussi à amortir le choc initial. Sur ce point il n’y avait rien à changer, tant, dix-huit ans auparavant, les précautions avaient été sagement prises et habilement exécutées ; il suffisait de refaire ce qui avait déjà été fait.

Mais il restait un point important à régler : Marcel, on ne l’a pas oublié, avait calculé que les fusées dont Barbicane avait garni le fond de l’obus et qu’il avait jugées suffisantes pour amortir la chute n’étaient pas assez puissantes. En outre, depuis 186., la science avait fait des progrès ; l’ingénieux chimiste Cailletet avait découvert le moyen de liquéfier quelques-uns des gaz qui, jusqu’alors, avaient résisté à tous les essais. Bien évidemment cette liquéfaction ne pouvait s’obtenir que sous d’énormes pressions ; mais, une fois le gaz ainsi ramené à la forme liquide et enfermé dans des récipients d’une résistance éprouvée, on avait sous un très petit volume une force d’expansion considérable et plus facile à manier que celle des explosifs si nombreux et si variés que les savants modernes ont récemment découverts. Marcel résolut donc de substituer à la poudre employée précédemment l’oxygène liquéfié et de faire disposer dans le culot de l’obus les trois séries de fusées nouvelles sur l’action desquelles il comptait absolument.

Pendant que ces préparatifs se faisaient en Floride, le vieil astronome Francois Mathieu-Rollère, tout entier à l’idée nouvelle qui maintenant le passionnait, avait mis tout en œuvre pour faciliter l’exécution du projet que lui avait suggéré sa fille. Sans faire connaître exactement ce qui se préparait, il avait laissé entrevoir qu’il serait intéressant de contrôler et de compléter, à l’aide du gigantesque télescope des Montagnes Rocheuses, les observations commencées par l’Observatoire de Paris sur la constitution et le