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un monde inconnu

« Peste ! dit Jacques, que de précautions pour de la piquette ! »

Et, le flacon débouché avec précaution, Marcel versa dans les verres que lui tendaient ses compagnons un liquide dont la couleur ambrée et le parfum pénétrant firent se dilater les narines de l’Anglais.

« Mon cher Marcel, fit-il, je crois que vous vous êtes agréablement moqué de nous. »

Et, savourant avec respect la précieuse liqueur, il s’écria, la face épanouie :

« C’est du Clos-Vougeot de 1865. — Peste ! mon camarade, si vous en avez beaucoup comme cela, je suis prêt à vous suivre dans toutes les planètes où il vous plaira de nous conduire ! »

Jacques riait sous cape : il n’avait pas cru à la plaisanterie de Marcel et connaissait trop le sens pratique de son ami pour croire qu’il eût négligé un point si important.

Le généreux bourgogne avait rendu aux trois voyageurs toute leur force et toute leur confiance.

« Voyons maintenant, dit Marcel, où nous en sommes de notre expérience ? »

Ils s’approchèrent de l’appareil. Le tube qui auparavant était complètement rempli du gaz extérieur, paraissait maintenant vide à un tiers environ de sa hauteur.

Marcel regarda la graduation marquée sur le verre : l’eau s’élevait à 26°.

« Oh ! oh ! dit-il, nous nous trouvons bien en présence d’air respirable, mais d’un air quelque peu capiteux. La proportion d’oxygène indiquée par le tube est de 26 p. 100 au lieu de 21 seulement que renferme l’atmosphère terrestre.

— Bah ! dit Jacques, nous avons tous les trois les poumons solides et nous nous y ferons.

— Eh bien, dit Marcel, il faut maintenant songer à sortir d’ici et à savoir un peu où nous sommes !

— Oui, dit Jacques, mais il ne serait peut-être pas prudent de nous exposer brusquement à cet air surchargé d’oxygène. Ne penses-tu pas qu’il y faudrait quelques précautions ? »

— Tu as raison, répondit Marcel, je vais dévisser mon tuyau de