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Page:Sénèque - Œuvres complètes, trad. Baillard, tome I.djvu/176

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CONSOLATION A HELVIA.

premières bases de toute science. C’est aujourd’hui qu’il y faut revenir ; elles feront votre sûreté, votre consolation, vos délices ; si vous leur ouvrez franchement votre âme, jamais plus n’y entrera la douleur, jamais l’inquiétude, jamais les inutiles tourments d’une affliction vaine ; votre cœur restera fermé à tous les chagrins, comme il l’est depuis longtemps à toutes les autres faiblesses.

Voilà vos plus sûrs auxiliaires et votre unique sauvegarde contre la Fortune ; mais comme, avant de gagner l’asile qu’ils vous promettent, il vous faut des appuis pour assurer votre marche, je veux en attendant vous montrer les consolations qui vous restent. Jetez les yeux sur mes frères : aurez-vous droit, tant qu’ils vivront, d’accuser la destinée ? Vous possédez en eux deux mérites divers qui doivent faire votre joie : l’un s’est élevé aux honneurs par ses talents ; la philosophie de l’autre les a dédaignés. Reposez votre cœur malade sur la dignité du premier, sur le calme du second, sur la tendresse de tous deux. Je les connais ces frères, et leurs sentiments, les plus intimes. Gallion ne court sa brillante carrière que pour vous en reporter la gloire. Méla ne s’est voué à la retraite et au repos qu’afin d’être mieux à vous. Pour vous protéger comme pour charmer votre vie, la Fortune vous a bien partagée en fils : le crédit de l’aîné peut vous défendre, vous pouvez jouir des loisirs du plus jeune. Ils rivaliseront de dévouement ; et l’amour de leur fils compensera l’absence d’un seul. Oui, j’ose vous le promettre, il ne vous manquera que le nombre. Que vos yeux aussi se reportent sur vos petits-enfants, sur mon fils Marcus en qui tout est si aimable. Point de tristesse qui tienne à sa vue ; point de douleur si vive et si récente qui ne cède à ses insinuantes caresses17. Quels pleurs ne tariraient devant sa gaieté ? Est-il une âme serrée par le chagrin que ses gentillesses ne dilatent, que son espièglerie n’entraîne à ses jeux, qui ne soit distraite, arrachée aux pensées les plus absorbantes par ce babil dont personne ne se lasse18 ? Dieux que j’implore, faites qu’il nous survive ! Que la rigueur des destins s’épuise toute et s’arrête sur moi seul ; que toutes les douleurs de la mère frappent sur moi, sur moi toutes celles de l’aïeule ! Soyez tous heureux où le sort vous maintient ; je ne me plaindrai pas qu’on m’ait ravi à mon fils et à mes foyers. Que du moins, victime pour toute ma maison, je ne lui laisse rien à souffrir de plus.

Pressez sur votre sein cette Novatilla qui bientôt vous don-