Après lui fut interrogé touchant son opinion Diespiter, le fils de Vica Pota, désigné aussi consul de la petite banque. Il vivait de petits profits et vendait de petits droits de cité. Hercule l’aborde gracieusement et lui touche le bout de l’oreille. Aussi opine-t-il en ces termes : « Attendu que le divin Claude est lié par le sang au divin Auguste, tout comme à la divine Auguste son aïeule (il a décrété qu’elle serait déesse) ; qu’il dépasse de bien loin en sagesse tous les mortels, et qu’il est d’intérêt public que quelqu’un puisse, avec Romulus, dévorer ces raves donc les sucs vous brûlent le palais ; je vote pour que dès aujourd’hui Claude soit fait dieu, sur le pied du plus méritant de ses prédécesseurs, et que la chose fasse appendice aux Métamorphoses d’Ovide. » Les avis se partageaient, et Claude paraissait avoir la majorité, grâce à Hercule qui, voyant que son fer était chaud, courait de l’un à l’autre et disait : « N’allez pas me désobliger ; c’est une affaire dont j’ai fait la mienne : plus tard, s’il vous faut ma voix, vous l’aurez en retour : une main lave l’autre. »
X. Ce fut alors au divin Auguste à émettre son sentiment ; il s’énonça en fort beau langage : « Pères conscrits, vous m’êtes témoins que du jour où je suis devenu dieu, je n’ai pas dit le moindre mot. Je ne me mêle jamais que de mes affaires. Mais je ne puis dissimuler plus longtemps, ni contenir ma douleur,, qu’aggrave encore la honte que je subis. N’aurai-je conquis la paix sur terre et sur mer ; n’aurai-je éteint le feu des guerres civiles ; second fondateur de Rome par mes lois, ne l’aurai-je embellie de mes constructions que pour[1]… Comment dirai-je ? Pères conscrits, je ne trouve pas de termes : toute parole est trop au-dessous de mon indignation. Invoquons au secours de mon impuissance la sentence qu’a portée l’éloquent Messala Corvinus : Il a fauché les droits de l’Empire. Ce misérable, pères conscrits, qui nous semblerait incapable de chasser une mouche, tuait les hommes aussi lestement qu’un chien s’assoit par terre[2]. Mais que dire de tous ses forfaits juridiques ? Je n’ai plus assez de larmes pour les malheurs publics, quand j’envisage ceux de ma famille. Je passerai donc sur les premiers et ne rappellerai que les seconds (Ici deux lignes inintelligibles)… Cette brute que vous