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QUESTIONS NATURELLES.

guissants. Comment donc les qualifier ? Faut-il faire comme Virgile qui, balançant sur le choix d’un nom, finit par adopter ce nom sur lequel il hésitait d’abord :

Et quel nom te donner, ô nectar de Rhétie ?
Du Falerne pourtant ne te crois pas rival[1].


Ainsi rien n’empêche de leur conserver la qualification de parhélies. Ce sont des images du soleil qui se peignent dans un nuage dense, voisin de cet astre, et disposé en miroir. Quelques-uns définissent le parhélie un nuage circulaire, brillant et semblable au soleil ; il suit cet astre à une certaine distance, qui est toujours la même qu’au moment de son apparition. Sommes-nous surpris de voir l’image du soleil dans une source, dans un lac paisible ? Non, ce me semble. Eh bien ! son image peut être réfléchie dans l’air aussi bien que sur la terre, quand il s’y trouve une matière propre à produire cet effet.

XII. Pour observer une éclipse de soleil, on pose à terre des bassins remplis d’huile ou de poix, parce qu’un liquide onctueux se trouble moins facilement et retient mieux les images qu’il reçoit. Or, une image ne peut se laisser voir que dans un liquide immobile. Alors nous remarquons comment la lune s’interpose entre nous et le soleil ; comment ce globe, bien plus petit que le soleil, venant à lui faire face, le cache tantôt partiellement, s’il ne lui oppose qu’un côté de son disque, et parfois en totalité. On appelle éclipse totale celle qui fait paraître les étoiles en interceptant le jour ; elle a lieu quand le centre des deux astres se trouve pour nous sur le même axe. Comme l’image de ces grands corps s’aperçoit sur la terre, elle peut de même s’apercevoir dans l’air, quand il est assez dense, assez transparent pour recevoir l’image solaire que les autres nuages reçoivent aussi, mais laissent échapper s’ils sont trop mobiles, ou trop raréfiés, ou trop noirs : mobiles, ils dispersent les traits de l’image ; raréfiés, ils la laissent passer ; chargés de vapeurs impures et grossières, ils ne reçoivent pas son empreinte, comme nous voyons que les miroirs ternis ne renvoient plus les objets.

XIII. Souvent deux parhélies se montrent simultanément ; ce qui s’explique de même. Rien n’empêche en effet qu’il ne s’en forme autant qu’il se trouve de nuages propres à réfléchir l’image du soleil. Suivant quelques auteurs, de deux parhélies

  1. Géorgiq., II, 95