à savoir ce qu’en deviendront les restes. Mais, comme on ne prend point souci des poils coupés de sa barbe, ainsi cette âme divine, sur le point de quitter l’homme, ne s’inquiète pas de ce que deviendra son enveloppe ; sera-t elle consumée par le feu, ou couverte de terre, ou déchirée par les bêtes féroces ? elle ne s’en occupe pas plus que le nouveau-né de la membrane où il était enfermé dans le sein de sa mère ; que les oiseaux déchirent le cadavre jeté au hasard, ou qu’il devienne
que lui importe ? Elle qui, durant son séjour parmi les hommes, ne craint aucune menace, craindra-t-elle après la mort les menaces de ceux pour qui ce n’est point assez d’être craints jusqu’au trépas ? Je ne m’épouvante, dit-elle, ni du harpon, ni du croc des gémonies, ni du hideux aspect d’un cadavre jeté à l’aventure, insulté et mis en lambeaux. Je ne demande à personne les derniers devoirs ; je ne recommandé mes dépouilles h personne. Nul ne reste sans sépulture ; la nature y a pourvu. Le temps ensevelira celui que des mains cruelles ont jeté au hasard. Mécène dit éloquemment :
« Je ne m’embarrasse pas d’un tombeau, la nature prend soin d’inhumer ceux qu’on avait laissés sans sépulture. »
Vous croiriez entendre un homme d’une mâle énergie : Mécène avait effectivement un esprit grand et viril, s’il ne l’eût à plaisir énervé.