Page:Sénèque - Œuvres de Sénèque le philosophe, Tome 2, trad Baillard et du Bozoir, 1860.djvu/307

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XXVII. Si dans tous ces cas la colère est peu sage, l’est-elle plus contre des enfants, ou contre ces esprits que leur faiblesse rapproche de l’enfance ? Près d’un juge équitable, l’absence de discernement rend toutes les fautes innocentes.

Il est aussi des êtres dont l’action, loin de jamais nuire, est toujours bienfaisante et salutaire : tels sont les dieux, qui ne peuvent ni ne veulent le mal. Leur nature est inoffensive, pacifique, aussi éloignée de nuire aux hommes qu’à elle-même. Les insensés et les ignorants leur imputent les tempêtes de la mer, les pluies excessives, la rigueur des hivers, tandis que nul de ces phénomènes, heureux ou funestes, ne s’opère directement en vue de l’homme. Ce n’est point pour nous qu’a lieu dans le monde le retour périodique de l’été et de l’hiver ; tout s’exécute d’après les lois qui président aux révolutions célestes. C’est trop présumer de soi, que de se croire l’objet de ces grands mouvements. Rien donc de tout cela n’a lieu contre nous ; loin de là nous ne laissons pas d’y trouver notre conservation.

Nous avons dit que la puissance de nuire manque à certains êtres, et à d’autres la volonté. Parmi ces derniers, sont les bons magistrats, les pères, les instituteurs, les juges : voyons, dans les châtiments qu’ils imposent, ce que voit le malade dans le scalpel ou la diète, ce que nous voyons en mille autres cas, des rigueurs salutaires. Sommes-nous punis ? Que notre pensée s’arrête, non pas sur la punition seule, mais sur ce qui nous l’attire ; faisons nous-mêmes notre interrogatoire, et si nous ne mentons à notre conscience, nous jugerons la réparation bien inférieure au délit. Vous qui voulez apprécier justement les choses, songez