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LETTRES

DE SÉNÈQUE A LUCILIUS

XCI

SUR L'INCENDIE DE LYON : RÉFLEXIONS SUR L'INSTABILITÉ DES CHOSES HUMAINES ET SUR LA MORT.

Notre ami Libéralis est bien triste aujourd'hui, il vient d’apprendre qu’un horrible incendie a consumé entièrement la colonie de Lyon. Cet événement est fait pour toucher tout le monde, à plus forte raison un homme si fort attaché à son pays ; aussi, ne peut-il retrouver cette force d’âme, qu’il s’était appliqué à opposer aux malheurs qui peuvent nous frapper dans cette vie. Cette affreuse catastrophe est tellement imprévue, tellement inouïe, que je ne suis pas étonné qu’il fût sans appréhension, puisque le fait était sans exemple : on a bien vu des villes ravagées par des incendies, mais on n’en a pas vu d’anéanties.

XCI

DE INCENDIO LUGDUNII INDE DE RERUM HUMANARUM INCONSTANTIA NEC NON DE MORTE COGITATIONES.

Liberalis noster nunc tristis est, nuntiato incendio, quo Lugdunensis colonia exusta est. Movere hic casus quemlibet posset, nedum hominem patriæ suæ amautissimum. Quæ res effecit, ut firmitatem animi qui quærat ; quam videlicet ad ea, quæ timeri posse putabat, exercuit. Hoc vero tam inopinatum malum, et pæne inauditum, nou miror si sine metu fuit, quum esset sine exemplo : multas enim civitates incendium vexavit, nullam abstulit.