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Page:Sénèque - De la vie heureuse.djvu/56

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ture. De même qu’un brave soldat supportera ses blessures, comptera fièrement ses cicatrices, et, tout percé de traits et mourant, bénira le général pour qui il succombe, elle aura, gravé dans son âme, cet antique précepte : Suis Dieu. Le lâche qui se plaint, qui pleure, qui gémit, n’en est pas moins forcé d’exécuter ce qu’on ordonne et violemment ramené au devoir. Or, quelle démence de se faire traîner plutôt que de suivre ! Non moindre, en vérité, est la sottise de ces gens, oublieux de leur condition, qui s’affligent s’il leur arrive quelque chose de pénible, qui s’étonnent, qui s’indignent à l’une de ces disgrâces communes aux bons et aux méchants, je veux dire les maladies, les morts, les infirmités et les milles traverses auxquelles la vie de l’homme est en butte. Tout ce que la constitution de l’univers nous impose de souffrances, acceptons-le intrépidement. On nous enrôla sous serment pour subir toute épreuve humaine, pour ne point nous laisser bouleverser par ces choses qu’il n’est pas en nous d’éviter. Nous sommes nés dans une monarchie : obéir à Dieu, voilà notre liberté.


XVI. C’est donc dans la vertu que réside le vrai bonheur. Et que te conseillera-t-elle ? de ne pas regarder comme un bien