Page:Sénèque - De la vie heureuse.djvu/82

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tant que vous voudrez, elles sont honorables : s’il s’y trouve bien des choses que chacun voudrait pouvoir dire siennes, on n’y voit rien dont personne puisse dire : C’est à moi. Le sage ne repoussera pas les faveurs de la fortune, et un patrimoine loyalement acquis ne lui inspirera ni orgueil ni honte. Je me trompe : il éprouvera quelque orgueil si, ouvrant sa porte et exposant sa richesse aux regards publics, il peut dire : « Que quiconque y reconnaît son bien le reprenne. » Oh ! qu’il est grand, qu’il mérite sa fortune celui qui resterait après ce défi aussi riche qu’avant ! Oui, s’il peut sans crainte et impunément provoquer l’inventaire de tous, si nul n’y trouve à exercer la moindre revendication, c’est hardiment et au grand jour qu’il sera riche. Si, d’un côté, pas un denier n’entre chez le sage par de mauvaises voies, de l’autre, les trésors que la fortune lui donne ou qui sont le fruit de ses mérites ne seront pas répudiés ni exclus par lui. Pourquoi les refuserait-il quand ils sont si bien placés chez lui ? Qu’ils viennent, qu’ils y trouvent l’hospitalité. Il n’en fera ni éta-