Page:Sénèque - De la vie heureuse.djvu/84

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lage ni mystère : le premier est d’un sot imprudent ; le second, d’un homme timide et pusillanime qui pense tenir dans sa bourse un bien inestimable. Non, encore une fois, il ne chassera pas de sa maison les richesses. Leur dirait-il : « Vous ne m’êtes bonnes à rien ; » ou : « Je ne sais pas me servir de vous » ? Le sage, quand il pourrait cheminer à pied, aimera cependant mieux monter sur un char ; de même, s’il est pauvre et qu’il puisse être riche, il acceptera la richesse : il l’aura, sans doute, mais comme chose fugitive et qui doit s’envoler ; il ne souffrira qu’elle pèse ni à personne ni à lui-même. Comment ? Il donnera ? dites-vous. Il me semble que vous avez dressé l’oreille. Pourquoi tendez-vous le pan de votre robe ? Il donnera aux bons ou à ceux qu’il pourra rendre tels. Il donnera avec mûre réflexion, choisissant les plus dignes, en homme qui se souvient qu’il faut rendre compte de la dépense non moins que de la recette. Il donnera d’après des motifs justes et plausibles ; car c’est une perte des plus humiliantes qu’un présent mal placé. Sa bourse ne sera ni fermée ni percée ; on y puisera abondamment, mais elle ne laissera rien tomber.