Page:Sénèque - Oeuvres complètes, trad Charpentier, Tome III, 1860.djvu/113

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des fleuves, au bord des lacs, dans les vallées, autour de marais ; des champs que le travail féconde, et de riches produits sans culture ; des ruisseaux qui serpentent d’un cours paisible à travers les prairies ; des golfes riants ; des ports enfoncés bien avant dans les rivages ; d’innombrables îles semées sur les mers dont elles varient l’uniforme tableau.

Vous montrerai-je ces marbres, ces pierres brillantes ; ces torrents, dont les ondes rapides roulent l’or pêle-mêle avec le sable ; ces colonnes de feux qui jaillissent du sein de la terre, du milieu même de l’Océan ; et cet Océan qui sert de lien à la masse du globe, et partage, avec ses immenses bras, les peuples en trois continents entre lesquels s’agite sa fureur turbulente ? Sous ses flots, toujours mobiles sans même que le vent les soulève, vous verrez des monstres énormes surpasser en grosseur tous les animaux terrestres : les plus lourds ne se mouvoir que sous la direction d’un guide ; d’autres plus prompts que la plus agile galère aidée de la rame ; d’autres qui, au grand péril des navigateurs, absorbent et vomissent l’onde amère. Vous verrez des vaisseaux allant chercher des terres qu’ils ne connaissent même pas. Vous reconnaîtrez qu’il n’est rien que ne tente l’humaine audace, et, témoin de ces hardis projets, vous-même les partagerez souvent. Vous apprendrez et enseignerez des arts qui servent aux besoins, à l’ornement ou à la conduite de la vie.

Mais sur cette terre aussi seront tous les fléaux de l’âme et du corps ; les guerres, les brigandages, les empoisonnements, les naufrages, l’inclémence du ciel jointe aux vices de nos organes, la mort prématurée d’êtres chéris, et la nôtre, tantôt douce et