Page:Sénèque - Oeuvres complètes, trad Charpentier, Tome III, 1860.djvu/141

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quelque jour de mise. Aussi s’annonçant pour César par un vers d’Homère, il dit :

« Les vents m’ont amené des rivages troyens. »

Mais le vers suivant eût été plus vrai.

« Dont j’ai détruit les murs, tué les citoyens. »

VI. Cependant il aurait fait accroire à Hercule, dieu assez peu malin, cette fable, si là ne se fût justement trouvée la Fièvre qui seule avait quitté son temple pour accompagner Claude. Tous les autres dieux étaient restés à Rome. « Cet homme, dit-elle, conte de purs mensonges. Je te le dis, moi qui ai vécu tant d’années avec lui ; c’est à Lyon qu’il est né. Tu vois en lui un bourgeois du municipe de Plancus : c’est à seize milles de Vienne qu’il est né ; il n’est qu’un franc Gaulois. Aussi, comme il convenait à un Gaulois, il a pris Rome. Oui, je te le garantis né à Lyon, où Licinius a régné nombre d’années. Pour toi, qui as plus couru de pays qu’aucun muletier toujours en route, tu dois connaître les Lyonnais, et savoir que bien des milles séparent le Xanthe du Rhône. »

Là-dessus Claude devient rouge de colère, et autant qu’il le peut, il le manifeste par un grognement. Que disait-il ? personne qui le comprit : seulement il faisait signe de conduire la Fièvre au supplice, en levant sa main inerte, mais toujours assez forte pour le geste par lequel il faisait décoller un homme. Il ordonnait donc que l’on coupât le cou à la Fièvre ; mais vous