Page:Sénèque - Oeuvres complètes, trad Charpentier, Tome III, 1860.djvu/160

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cette disposition savante, qui font que la terre demeure immobile au centre de la sphère céleste, dont la fuite n’est jamais ralentie ; que la mer se répand dans les vallées pour humecter l’intérieur des terres, sans jamais se sentir accrue par tous les tributs des fleuves ; et que des moindres semences naissent les plus superbes végétaux. Les météores mêmes, où semble régner le plus de confusion et d’irrégularité, je veux dire les pluies et les nuages, l’éruption de la foudre, les feux lancés du sommet des volcans, les secousses qui ébranlent la terre, en un mot tous les mouvements que la partie orageuse de la nature excite sur notre globe, quoique nés subitement, ne sont pas l’effet du hasard : ils ont leurs causes comme les phénomènes qui, se produisant hors de leur lieu naturel sont des prodiges : tels que les eaux chaudes au milieu de la mer, les îles nouvelles qui s’élèvent à sa surface. De plus, quand on voit les mers laisser leurs rivages à sec en se retirant, et les couvrir ensuite de nouveau dans un court espace de temps, peut-on croire que ce soit par la seule force de l’aveugle matière qu’elles se resserrent et se refoulent sur elles-mêmes, et qu’elles reprennent ensuite leur place ; surtout, si l’on observe que le flux s’accroît et diminue périodiquement à des jours et à des heures fixes, en obéissant aux différentes attractions de la lune, qui règle à son gré les inondations de l’Océan ?

Mais réservons ces considérations pour le temps convenable, d’autant plus que vous accusez la Providence, et ne la niez pas. Je veux vous réconcilier avec les dieux, qui traitent toujours les bons avec bonté. La nature, en effet, ne veut pas