qui les composent subissant la même fatalité ? Tout homme, que dis-je ? toute chose marche à sa dernière heure : mais tous n’ont pas même fin. C’est au milieu de sa course que la vie abandonne l’un, elle échappe à l’autre dès le premier pas ; tandis qu’une extrême vieillesse, déjà lasse de jours, obtient à peine le congé qu’elle demande : celui-ci tombe au matin, celui-là le soir ; mais tous s’avancent vers un même terme. Je ne sais s’il y a plus de folie à méconnaître la loi qui nous condamne à mourir, que d’impudence à y résister.
Prenez en main, prenez ces œuvres dont vos travaux ingénieux ont accru la célébrité, les chants de ces deux poÎtes dont vous avez rompu les vers avec tant de bonheur, que le mètre seul a disparu, sans qu’ils aient rien perdu de leur grâce ; car en les faisant passer dans un autre idiome, vous leur avez, chose si difficile, conservé sous un costume étranger, tous leurs mérites. Il n’est pas un des chants de leurs poëmes qui ne vous offre une foule d’exemples des vicissitudes humaines, des coups imprévus du hasard, et de larmes amères, provoquées par mille et mille causes. Lisez ces foudroyantes leçons si pathétiquement reproduites par vous, vous rougirez de faiblir si promptement, et de déchoir de la hauteur de vos discours. Gardez que ceux qui naguère admiraient, qui admirent encore vos écrits, se demandent comment de si sublimes et si fortes paroles ont pu sortir d’une âme si facile à briser. Au lieu de vous navrer le cœur, reportez-le sur les riches et nombreuses consolations qui vous attendent : tournez vos yeux sur des frères chéris, sur une épouse, sur un fils. La fortune