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bien et du mal qu’ils ont rencontré dans ses tragédies. Rotrou, Corneille, Racine, Voltaire, Crébillon, Le Mercier, Alfieri et beaucoup d’autres, ont largement puisé dans cette source commune et publique. Il nous a été impossible d’enregistrer tous les larcins plus ou moins heureux qu’on a faits à notre auteur, mais ceux que nous avons indiqués dans nos notes suffisent pour établir la preuve de ce que nous avançons.

La première question qui se présente quand on veut parler du Théâtre de Sénèque, c’est de savoir quel en est le véritable auteur ; il est beaucoup de questions plus importantes que celle-là, mais il n’en est point de plus controversée. Heureusement que nul grave intérêt ne dépend d’un article de foi positif sur cette matière ; car, après tant d’efforts pour l’éclaircir, nous serions plus embarrassés que les premiers critiques de formuler aucune assertion précise. Il nous semble même que cette question, si vivement débattue à une autre époque où elle devait exciter plus de sympathie, par des hommes bien plus savans que nous et qui y attachaient bien plus d’importance, est demeurée plus obscure que jamais. Les plus habiles critiques n’ont fait que l’embrouiller en voulant l’éclaircir, et les savantes mains de Juste-Lipse, des deux Scaliger, de Nicolas et de Daniel Heinsius, d’Isaac Pontanus, de Klotsch et de Jacobs, etc., au lieu de faire briller la lumière, ont assemblé plus de nuages.

La crainte de nous égarer dans ce dédale, faute d’un fil assez fort pour nous conduire, surtout après les traces