Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/35

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les avouer pour siennes, vu que Néron n’aurait pas manqué de le reconnaître à son style.

Le même critique ajoute qu’il doute fortement que Sénèque soit l’auteur de ces tragédies. Il soupçonne qu’elles pourraient bien être de Pomponius Secundus, qui certainement avait composé des tragédies, dont aucune ne nous est parvenue, au moins sous son nom.

Puis il propose Méla, frère de Sénèque et père de Lucain, homme capable, exclusivement livré à l’étude de l’éloquence et des lettres, et que son père, M. Ann. Sénèque, mettait au dessus de ses deux frères, Luc. Ann. Sénèque et Gallion.

Puis il déclare qu’il abandonne la discussion et laisse aux savans du premier ordre le soin de résoudre ce problème : « Si Sénèque le Philosophe n’est point l’auteur des tragédies publiées sous son nom, ces tragédies sont-elles l’ouvrage d’un écrivain bien postérieur à Sénèque, ou celui d’un poète contemporain, ou parent du précepteur de Néron ? » Ce problème n’est pas nouveau, c’est précisément la question que les savans du premier ordre s’étaient faite et qu’ils n’ont pu résoudre avec certitude.

Puis enfin, et c’est par où peut-être il aurait dû commencer, il dit que « son intention ne fut jamais d’opposer son sentiment personnel à l’opinion la plus accréditée, qui attribue toutes les tragédies à Sénèque le Philosophe. » Conclusion fâcheuse, et qui réduit à rien tout ce qu’il a dit jusque-là. Son exemple serait bien propre à nous guérir de la velléité d’avoir une opinion