Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/34

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reconnaissant l’impossibilité d’en sortir. Voici du reste les diverses conjectures hasardées par les critiques :

Pétrarque, Pierre Crinitus et Daniel Caïétan reconnaissent les dix tragédies pour être de L. A. Sénèque le Philosophe.

Érasme adopte la même opinion ; mais il retranche Octavie, dans laquelle Sénèque joue un rôle, et qui ne peut sérieusement lui être attribuée.

Le P. Brumoi soutient que ce Théâtre n’est point de Sénèque le Philosophe, ni d’aucun autre membre de sa famille, mais d’un anonyme qui aura mis son œuvre sous un nom fameux alors dans la littérature latine.

Vulcanius, Delrio, Scriverius, Borrichius, n’hésitent pas à accorder à Sénèque le Philosophe la plus grande partie des pièces de ce Théâtre.

Suivant un des derniers traducteurs, l’abbé Coupé, Sénèque est l’auteur de toutes, moins Octavie ; dans cette hypothèse, il les aurait composées pour l’instruction de son élève ; mais il ne les aurait pas publiées ni reconnues pour siennes, par crainte de la jalousie de Néron, que ses doctes leçons n’auraient pas guéri de la manie poétique dont il était dominé jusqu’à faire mourir ceux qui composaient de meilleurs vers que lui.

Le dernier traducteur, Levée, pense au contraire que si Sénèque le Philosophe avait composé ces tragédies pour ramener son siècle à la vertu, comme on l’a dit (à tort, selon nous, car ce n’en était guère le moyen), il devait au contraire les publier pour appliquer le remède au mal, et qu’en tout cas il ne pouvait se défendre de