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Page 13. Et moi-même qui le pressais de tout mon poids. Junon ne veut pas dire qu’elle était dans le ciel au moment où Hercule le portait sur ses épaules, mais qu’elle y était avec tout le poids de sa haine, de sa colère, de sa volonté de peser. Il lui fallait sans doute un point d’appui ; et comme elle n’en trouvait pas hors du ciel, il lui fallait nécessairement le prendre en elle-même et dans sa volonté.

Que la lune…… laisse tomber de nouveaux monstres. Notre auteur adopte ici, poétiquement sans doute, la doctrine des pythagoriciens qui supposaient la lune habitée comme notre terre, et peuplée des mêmes êtres. Rien d’étonnant alors que le lion de Némée en fût tombé. Voyez Achill. Tace, sur Aratus, et Pic de la Mirandole, contre les astrologues. Némésien, Louanges d’Hercule, v. 119, dit que le taureau de l’île de Crète était aussi tombé de la lune :

 
………Taurus medio nam sidere lunæ
Progenitus Dictæa Jovis possederat arva.

Page 15. Sous l’épaisseur d’une montagne énorme. Cette montagne énorme était sous l’Érèbe, ulterius Erebo. Voyez plus bas, v. 1221 ; Orphée dit des Euménides :

 
………Ὑπὸ κεύθεσιν οἰκί’ ἔχουσαι,
Ἄντρῳ ἐν ἠερόεντι παρὰ Στυγὸς ἱερὸν ὕδωρ.

Le Styx, suivant Hésiode, Théogonie, v. 778 :

 
……Νόσφιν τε θεῶν κλυτὰ δώματα ναίει
Μακρῇσι πέτρῃσι κατηρεφέ’.

Ces deux passages prouvent que les anciens ne regardaient pas le Tartare comme le fond des enfers, et expliquent celui de notre auteur.

Concutite pectus (v. 105). Nous ne partageons point ici le sentiment du commentateur qui rapporte ces expressions à Hercule. Nobis prius insaniendum est, dit Junon : les vers précédens rentrent dans la même idée que Virgile avait déjà mise dans la bouche de Junon :

 
………………Tibi nomina mille,
Mille nocendi artes ; fecundum concute pectus.
(Æneid., lib. vii, v. 337)