Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/532

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Page 373. Ne me touchez pas….. Mais quoi ! elle m’embrasse. Ici le poète français n’a eu rien de mieux à faire que de s’écarter le plus possible de notre auteur. Le sentiment de la dignité de la femme, telle que le christianisme l’a faite et telle que les hommes immoraux eux-mêmes la conçoivent du point de vue de l’art et de l’idéal poétique, ne peut soutenir l’image de Phèdre qui se jette brutalement sur l’homme et lui fait violence. Dans la pièce latine, c’est Hippolyte qui vent tuer Phèdre pour s’affranchir de ses atteintes hardies ; dans la pièce française, elle se condamne elle-même à mourir par la force de sa honte et de ses remords. Grande et notable différence entre la femme païenne, au temps de Néron, et la femme chrétienne, sous Louis XIV.

Page 375. C’est à nous de rejeter sur lui cet odieux attentat. Il est possible que ces paroles s’adressent à Phèdre ; mais on peut croire aussi qu’elle ne les entend pas, et qu’elle n’a jusqu’ici qu’une part toute passive dans le dessein de la nourrice. La pièce de Racine est autrement riche d’incidens, de ressorts et de combinaisons : l’attention du spectateur n’est pas uniquement fixée sur l’accusation que Phèdre et sa confidente dirigent contre Hippolyte : d’ailleurs l’héroïne, aussi malheureuse que coupable, a dans son crime une raison plus forte, qu’Euripide et Sénèque ne lui ont pas donnée, le tourment d’un amour méprisé, et la jalousie qui, selon l’expression de l’Écriture, est cruelle comme le sépulcre.

Page 377. Et toi, conquérant de l’Inde. — Voyez au second volume, Œdipe, passim, les louanges de Bacchus.

Le nom du héros que la seur de Phèdre avait aimé avant toi. C’est Thésée. Les auteurs ne s’accordent pas sur le sort d’Ariadne après la trahison de Thésée. Racine a suivi l’opinion de ceux qui disent qu’elle se pendit de désespoir :

Ariadne ma sœur, de quel amour blessée,
Vous mourâtes aux bords où vous fûtes laissée.

D’autres prétendent que, conduite par des matelots dans l’ile de Naxos, elle y épousa Onaras prêtre de Bacchus. Voyez Plutarque, Vie de Thésée, ch. xviii . Page 379. La reine nuits, moins ancienne que les habitans de