Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/345

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Page 27. Dès que mes pieds eurent franchi le seuil du sanctuaire. Cette description est parfaite, et du petit nombre des morceaux excellens qui se rencontrent dans notre auteur. Voltaire l’a imitée avec beaucoup de succès mais non surpassée. (Voyez son Œdipe, acte iv, sc. 1.)

Pour la première fois par un don solennel
Mes mains, jeunes encore, enrichissaient l’autel :
Du temple tout à coup les combles s’entr’ouvrirent ;
De traits affreux de sang tes marbres se couvrirent, etc.

Page 29. Il lèguera la guerre à ses enfans. Nous avons dit plus haut qu’Œdipe était l’homme même et l’énigme du Sphynx le problème obscur des destinées humaines. Il faut comprendre aussi dans un sens large et mythique cette parole de l’oracle : « Il se fera la guerre à lui-même, et léguera la guerre à ses enfans. » Elle exprime toutes les idées d’imputabilité, de transmission, de responsabilité, d’expiation, de dévoûment, de sacrifice, que M. Ballanche a si poétiquement développées dans son Antigone.

« Tel fut Œdipe. Mais cet homme du malheur, cet homme que l’antiquité regardait comme l’emblème des destinées humaines, ce roi de l’énigme, eut des enfans qui vinrent en quelque sorte compléter une telle vie. Nous voyons ses fils, héritiers malheureux de son ambition, de son orgueil, de son caractère inflexible, se disputer, à main armée, le trône de leur père. Ses filles, colombes gémissantes méritèrent d’avoir les belles qualités qui le firent distinguer parmi les hommes : elles eurent quelque chose de son brillant génie, et tout-à-fait son goût pour les choses honnêtes et pour la vertu. Antigène seule reçut en partage la magnanimité d’Œdipe et l’élévation de ses sentimens. (Antigone, épilogue.)

Quelle crainte a pu vous empêcher de punir le meurtrier ? Cet endroit est pris textuellement de Sophocle acte i, sc. 2.

CRÉON.

On soupçonna des intrigue et des embûches ; mais enfin, le roi mort, nous retombâmes dans de plus grands maux.