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ŒDIPE.

Quel si grand malheur a donc pu empêcher qu’on ne recherchât les auteurs d’une mort si déplorable ?

CRÉON.

Le Sphynx et ses pièges cruels : les maux présens et sensibles firent oublier un malheur obscur et passé.

ŒDIPE.

Hé bien ! je saurai, moi, le découvrir dès son origine. Les ordres d’Apollon et vos conseils sont justes, je vous seconderai. La patrie trouvera en moi un libérateur, l’oracle un prince obéissant, Laïus un vengeur. Mon intérêt propre m’y engage, cet attentat me regarde. Si je ne prends en la main la cause de Laïus, j’enhardis contre mes jours des sujets perfides et rebelles assurons ma couronne en le vengeant, etc.

Page 29. Puisse l’assassin de Laïus. Ces Imprécations d’Œdipe sont belles et terribles mais nous croyons que Sénèque va trop loin, quand il fait appeler sur la tête de coupable les crimes effrayans qui composent la destinée d’Œdipe. La vengeance qu’il doit invoquer, est une vengeance d’expiation et le crime, qui, le plus souvent, est la conséquence du crime, n’en doit pas être considéré comme le juste châtiment. À cette malédiction, Sophocle ajoute un trait que Sénèque a peut-être bien fait de ne pas reproduire : « Si je le cache (le meurtrier) volontairement dans mon palais dit-il, puissent retomber sur ma maison et sur moi ces funestes imprécations ! » (Œdipe-Roi ; act. ii, sc. 1.)

Page 31. La prétresse de Cirrha. Cirrha était une ville de Phocide où Apollon rendait des oracles. C’est à ses habitans que ce dieu ordonna de faire nuit et jour la guerre au dehors, s’ils voulaient vivre en paix les uns avec les autres. Plutarque, Œuvres Morales : « Si l’on avance dans l’exercice de la vertu. »

A l’endroit où le chemin se partage en trois routes. M. Ballanche a reproduit ce passage avec le charme de son style : « Après plusieurs jours de marche incertaine, Œdipe et sa pieuse fille parvinrent au pied du Cithéron. Cette montagne est traversée par trois routes également fréquentées : l’une conduit aux vignes célèbres de la Phocide, et s’élève par une pente insensible jusqu’aux deux cimes du Parnasse qui fendent les nues ; l’autre aboutit à la