Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/386

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Page 241. Que le fescennin éclate avec sa verve piquante et maligne. Tous les rites nuptiaux dont parle ici le chœur, sont romains. Nous renvoyons le lecteur au livre des Antiquités romaines d’Alexander Adam, Londres, 1801 ; aux Questions romaines de Plutarque ; aux Fastes d’Ovide, etc.

Le vers fescennin avait pris naissance à Fescennia, ville d’Étrurie, aujourd’hui Galèse. Quelques auteurs lui donnent une origine ou une étymologie différente. C’était une poésie grossière en la forme, et indécente au fond ; elle précéda le vers satyrique, farce burlesque, dont le nom devint plus tard celui du poëme appelé satire, et qui se propose le redressement des mœurs : les vers fescennins n’étaient pas de nature à les rendre bonnes ; mais, comme le dit Sénèque, le temps des noces per- mettait leur licence. Chez tous les peuples anciens, et même chez les modernes, le mariage est toujours accompagné de farces plus ou moins grossières, dont l’origine se perd dans la nuit des temps.

Laissons le silence et la nuit à ces femmes qui, etc. Ce trait est une injure cruelle pour Médée, dont il rappelle amèrement l’union clandestine et l’évasion.

Acte II. Page 243. Je me meurs ; des chants d’hymen ont frappé mon oreille. — Voyez Longepierre, Médée, acte ii, sc. 1 :

Quel bruit, quels chants d’hymen ont frappé mon oreille ?
Corinthe retentit de cris et de concerts,
Ses autels sont parés, ses temples sont ouverts,
Tout à l’envi prépare une odieuse pompe,
Tout vante ma rivale et l’ingrat qui me trompe.
Jason, il est donc vrai, jusque-là me trahit !

A-t-il oublié ma coupable puissance. Le grand Corneille a revêtu cette pensée déjà si forte de sa mâle poésie, et l’a élevée jusqu’au sublime :

Jason me répudie ! eh ! qui l’aurait pu croire ?
S’il a manqué d’amour, manque-t-il de mémoire ?
Me peut-il bien quitter après tant de bienfaits ?
M’ose-t-il bien quitter après tant de forfaits ?
Sachant ce que je puis, ayant vu ce que j’ose,