Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/400

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Page 75. Relevons ce corps que l’enthousiasme a brisé. Rien de plus naturel que cet état de faiblesse et d’abattement qui succède à un accès de l’esprit prophétique. Il faut que la dépense de force et de contention nécessaire à l’âme pour sortir du temps et de l’espace, et s’élever jusqu’à la vision de l’inconnu, soit compensée par une langueur égale à cette sur-excitation ; de là cet effort des prêtresses païennes pour se dérober au démon qui les obsède. Tous les poètes en ont parlé ; mais nul ne l’a fait avec connaissance de cause, comme Daniel, celui de tous les prophètes qui a fait les prédictions les plus claires et les plus précises : il a exprimé en plusieurs endroits cette faiblesse où le jetait l’état de vision : « Après cela, moi Daniel, je tombai dans la langueur, et je fus malade pendant quelques jours ; après quoi, m’étant levé, je travaillai aux affaires du roi. » (DANIEL, ch. VIII, v. 27.) « Étant donc demeuré tout seul, j’eus cette grande vision ; la vigueur de mon corps m’abandonna, mon visage fut tout changé, je tombai en faiblesse, et il ne me demeura aucune force. » (Id. ch. X, v. 8, et plus bas, v. 16.)

ACTE IV. Page 77. Troie aussi était en fête Pour compléter le sens et la phrase, il faudrait ajouter « quand elle périt ; » nous avons dû nous en tenir à la concision du texte. Lemercier a dit très-bien :

Ilion a péri dans la nuit d’une fête.

(Agamemnon, acte IV, sc. 5.)

Page 79. A Jupiter Hercéen ? C’est-à-dire Jupiter invoqué pour la garde des murailles. M. Michelet pense que ce sont les Pélasges qui l’ont importé dans l’Italie et dans l’Attique, où il était comme la pierre des limites et le fondement de la propriété. Il s’agit ici du Jupiter de Troie :

Herceas, monstrator ait, non respicis aras ?

(LUCAN., Pharsal.)

Où se trouve Hélène, je vois toujours Troie. Hélène, c’est-à-dire une femme adultère.

Que peut craindre un vainqueur ? L’abbé Boyer, dont nous