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Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/49

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sommes. Généreux compagnon de mon noble fils, racontez-moi la suite de ses hauts faits ; retracez-moi dans toute sa longueur la route qui mène au triste séjour des Mânes, et dites-moi comment le chien des enfers a pu être chargé de chaînes aussi pesantes.

thésée. — Quelque rassuré que je sois, les images du récit que vous exigez me troublent encore. A peine suis-je certain de respirer l’air des vivants. Mes yeux sont éblouis, et ma vue affaiblie supporte à peine l’éclat extraordinaire du jour.

amphitryon. — Efforcez-vous, Thésée, de surmonter ce reste de frayeur que vous portez encore au fond de l’âme, et ne vous privez pas du plus précieux fruit de vos travaux. Les périls sont durs à l’épreuve, mais doux au souvenir. Redites-nous vos terribles aventures.

thésée. — Dieux suprêmes, et toi, souverain de l’immense empire des morts, et toi, que ta mère chercha en vain sur le territoire de l’Etna, qu’il me soit permis de raconter impunément les mystères enfouis dans le sein de la terre.

Sur le sol de Sparte s’élève une montagne fameuse, le Ténare, qui projette sur la mer l’ombre de ses forêts. C’est l’entrée du royaume de l’odieux Pluton. Là, au pied d’une roche escarpée, s’ouvre une profonde caverne aux vastes flancs, large souterrain par où doivent passer tous les peuples. Le seuil n’est pas entière-