Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/144

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furieuse était sans cesse présente à mon esprit, ses cris douloureux retentissaient dans mes oreilles, et ce terrible souvenir pénètre encore en ce moment mon ame, d’un sentiment qui la déchire. Mon séjour à mon régiment ne fut pas long, on avait exigé des troupes un serment qui me répugnait et qui dénaturait entièrement le genre des engagemens consacrés par dix siècles. Plusieurs officiers étaient favorables à la Révolution, et une grande partie des soldats de l’infanterie était disposée à abandonner le parti du Roi. Il n’en était pas de même de la cavalerie, dont la composition est différente. Les cavaliers moins vagabonds, plus occupés et la plupart fils de fermiers, laboureurs, plus connus de leurs officiers, plus éprouvés, étaient restés attachés à leur ancien ferment. Je