Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/187

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touchant ; hors d’état de marcher, il était porté par des prêtres qui se relayaient tour à tour ; une femme d’un nom distingué se trouva au milieu du voyage pressée des douleurs de l’enfantement, et accoucha sur le chemin, dénuée de tout secours ; pour comble de malheur, des soldats Piémontais entendant la nuit un grand bruit sur la route, et ne distinguant rien, se figurèrent qu’un détachement de Patriotes arrivait sur eux, ils tirèrent et blessèrent plusieurs des personnes qui marchaient en avant de notre misérable troupe. La pluie survint et dura huit jours. Les chemins furent inondés, les rivières débordées, et tous les fléaux semblaient se rassembler contre des infortunés fugitifs ; on craignait de se noyer à chaque pas ; celui qui tombait et s’embourbait, invoquait envain du secours. Le malheur