Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

extrême rend l’homme barbare en concentrant tout son intérêt sur lui-même. Quelques uns avaient des charettes, d’autres des chevaux et des mulets ; mais à peine arrivés à la Scarena, les troupes Piémontaises s’en emparèrent. On se flattait de trouver à Tende une auberge pour y prendre quelque repos ; elle était occupée par ces troupes, et après une aussi longue marche, et tant de fatigues, il fallut passer la nuit en plein air, inondés de la pluie, les pieds dans l’eau ; les cris, les pleurs des femmes et des enfans ajoutaient à l’horreur de cette situation, et l’espoir abandonnait tous les cœurs. Nous passâmes le Col de Tende, et des voitures venues de Turin offrirent un instant l’espoir d’achever plus heureusement notre route ; mais la cupidité aveugle et barbare ne