agitée que votre Émilie ; ceux qui sont exposés aux plus grands dangers se familiarisent avec eux. L’espérance semble faire choix de toutes les chances favorables pour les mettre sans-cesse sous les yeux, et ses tableaux trompeurs procurent une sorte de sécurité. Quand on entend les premiers coups de canon, on frissonne ; mais quand on en a entendu cent, et qu’on se trouve sain et sauf, ainsi que tout ce qui nous environne, on se fait à ce bruit et l’on se persuade que les coups qui suivent ne feront pas plus de mal. Il n’en est pas de même de ceux qui dans l’éloignement tremblent pour leurs amis ; ils n’ont rien de sensible pour se rassurer ; leur esprit erre dans une mer de craintes vagues, et chaque instant renouvelle leurs terreurs. Je crois être dans le vrai en vous faisant, suivant ma méthode,
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