Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/39

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quelque sorte, à ma place, et vous fait saisir les plus légères nuances du sentiment qui m’affecte. Vous allez m’appeler métaphysicienne ; mais tant que je suis claire, je ne regarde pas ce reproche comme une injure. D’après ce que je viens de dire de votre cœur pénétrant, j’ai tort quand je vous dis que j’ai beaucoup de choses à vous apprendre : vous les savez toutes. Les terreurs qui assiègent mon ame quand il est absent, quand il est au milieu des dangers, vous les éprouvez. J’ai vu un jour à Francfort chez un célèbre escamoteur, qui faisait beaucoup de tours curieux, deux pendules qui n’étaient point montées ; il en transportait une au fond d’une grande cour, et toutes les deux sonnaient en même temps, à un signal, une égale quantité de coups : c’est l’image de nos deux cœurs ; le destin est l’escamoteur qui