Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai beaucoup entendu parler du roman de Clarisse, je serai bien curieuse de le lire et de voir si le Marquis n’est pas un peu exagéré dans ses éloges. Je suis persuadée que c’est vous qu’il a eu en vue, ma chère amie, quand il a dit que Clarisse existait. Je ne connais pas cette héroïne de Richardson ; mais si elle est dans la nature, elle n’est pas au-dessus de vous ; quand votre modestie vous défendrait de le croire, il vous doit paraître simple qu’un jeune homme, qu’un coup du sort transporte subitement d’une scène de sang et d’horreur dans une société douce, intéressante, sensible à ses malheurs, soit exalté par la reconnaissance ; et si au milieu de cette société se trouve une jeune personne dont la figure est charmante, dont la voix pénètre jusqu’au cœur, dont les regards, les gestes, les paroles