dans plusieurs endroits. Là, je les ai vu accueillir d’abord avec mépris et défiance, ensuite j’ai vu la plus barbare cupidité mettre à profit leur ignorance de la langue et l’urgence de leurs besoins ; souvent on les forçait en entrant dans une ville de faire connaître leurs ressources, et quelques uns après avoir ainsi exposé leur misère à tous les yeux, étaient reconduits aux portes de la ville, comme de malheureux mendians, pour n’y plus rentrer. Il me semble depuis quelques mois être sur un champ de bataille, où l’on ne porte que des regards inquiets dans la crainte de trouver parmi les morts quelques uns de ses amis. La lecture de chaque gazette offre une affreuse liste que je n’ose parcourir qu’en tremblant. La vie la plus retirée, la conduite la plus circonspecte ne peuvent faire échapper
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