Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pas vous donner cette légère satisfaction. J’ai admiré sa bonne foi en parlant de son tiède attachement pour une femme qui est morte victime des premières barbaries de la Révolution. Vous n’avez pas encore aimé, lui ai-je dit ? L’explosion de l’amour, m’a-t-il répondu, n’en sera peut-être que plus violente, pour avoir été plus long-temps retardée… Il semblerait d’après cela que le cœur doit éprouver tôt ou tard, en raison de sa sensibilité, une passion plus ou moins vive. Qu’en dites vous ma chère Émilie ? Croyez-vous que telle soit la loi du destin et que pour me servir d’un proverbe trivial, on ne recule que pour mieux sauter ? Toutes les personnes qui n’ont point encore connu l’amour devraient trembler, et quelle serait la triste perspective de celles qui ne peuvent s’y livrer sans crime ! Ah ! j’aime