lettres déjà anciennes, où elle lui témoignait du regret de ne l’avoir pas auprès d’elle ; mais c’était dans un temps où il y avait bien moins de danger à habiter la France. De quel recours peut-il être à une femme qui a des amis zélés et des gens d’affaires fidelles ? Quel besoin pouvait avoir de lui une femme infirme, qui a dû échapper à l’œil des tyrans, par la retraite où elle vit, et par son extrême circonspection ; mais que pouvais-je dire lorsqu’il s’agissait de remplir un devoir sacré, comment s’opposer au vœu même indiscret de l’amour maternel, au désir de la tendresse filiale ? Il m’est resté quelques fonds ; et satisfaite de vivre avec un homme pour qui seul je tiens à la vie, je me serais réduite sans peine au plus strict nécessaire ; j’aurais supporté gaiement la misère. Vous m’avez
Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/54
Apparence