Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/77

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quelques mots qui me sont échappés, et qui indiquaient quelque chose de mystérieux dans mon existence ; vous m’entendiez parler de malheurs, et vous cherchiez ce qui pouvait avoir causé ceux d’une femme jeune, riche et libre depuis long-temps ; il est bien vrai, et vous allez en être convaincues, que peu de femmes ont été aussi malheureuses. Si je ne rendais pas justice à votre discernement, aux généreuses dispositions du cœur de mes amies, si je ne croyais pas être connue d’elles, je n’entreprendrais pas de leur raconter les tristes événemens de ma vie. La crainte qu’elles ne prennent un récit simple et ingénu pour un roman artificieusement inventé pour me justifier, m’arrêterait, et j’aimerais mieux emporter avec moi un secret qui n’intéresse qu’une seule personne, que