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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/78

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d’être suspecte du plus léger détour, et même d’une réticence. Vous allez voir au reste que je n’ai aucun intérêt à me justifier ; car celle dont je vais vous parler a disparu du monde et de la mémoire des hommes depuis long-temps, et qu’en vous parlant de moi je vous parlerai d’une autre. Voilà une énigme, elle va se développer. j’ai été mariée à seize ans au Marquis de **** âgé de quarante. Son nom et sa fortune déterminèrent mes parens ; tous les hommes qui ont de la barbe, paraissent les mêmes aux yeux des jeunes filles, si j’en juge par moi ; l’âge du Marquis, d’après cela, ne m’inspira aucune répugnance. Il avait passé sa vie dans le plus grand monde, et avait eu auprès des femmes ces succès rapides et nombreux, qui caractérisent l’homme appelé à bonnes fortunes.